23 novembre 2010

Exposition Sky Doll Décade, des cieux plus vastes...


Il existe des bande-dessinées dont les qualités graphiques et scénaristiques sont reconnues par un succès commercial amplement mérité. Sky Doll, la série de Babucci et Canepa, ne se contente pas de nourrir ses auteurs.
Cette oeuvre est aussi une source d'inspiration pour d'autres artistes. Noa, héroïne devenue égérie ne cesse d'alimenter fantasmes et fantaisies. Ses courbes gracieuses, son visage de femme-enfant et ses tenues sexy, acidulées et mécaniques se trouvent ainsi déclinées sous tout les styles, toutes les techniques, tout les supports.

Cliquer sur l'image pour les informations pratiques sur l'expo !

Pour les 10 ans de la série, Barbara Canepa, déjà directrice de collection très active et volontaire a monté une exposition hommage. Elle réunit de nombreux travaux d'amateurs du monde perverti et poétique de Sky Doll.
Attention, à partir du 30 novembre, une partie des oeuvres seront décrochées ! Hâtez-vous donc d'aller voir ces merveilles ! Outre les nombreuses oeuvres de fans, plusieurs planches originales de la série sont à admirer. Quel bonheur de pouvoir contempler "en vrai" la finesse d'un trait de crayon, les lignes pures et dynamiques qui prennent vie.

Un seul bémol : le lieu. L'Espace Saint-Germain, encombré de tables et de fauteuils, est peu propice à la visite. Il faut slalomer entre les obstacles, se pencher et se tordre pour s'approcher de certains tableaux. Certes, y'a un challenge et zieuter de près des oeuvres se mérite. J'avais en tête l'excellente scénographie de l'exposition Métamorphose à la galerie Arludik, là, j'ai été déçue...

Heureusement, les tableaux sont au rendez-vous et avec des découvertes ! Notamment le trait nerveux et fort de Stephane Levallois. Ses aquarelles et ses encres m'ont mises une grande claque.



Dans un registre plus doux, plus nostalgique, Jérémie Almanza nous offre une illustration rougeoyante. Un autre grand bonhomme dont j'ignorai l'existence !



L'illustration fraiche et tendre d'Amélie Fléchais m'a offert une parenthèse bucolique au coeur de novembre.



Une autre demoiselle, Maly Siri m'a séduite avec les charmes aqueux et floraux de sa pin'up de baignoire. 


Si l'attente du tome 4 de Sky Doll inquiète les lecteurs, cette exposition témoigne de la vie grouillante de l'univers de cette série. Alors, un peu de patience ! Et puis, la collection Métamorphose nous propose elle aussi plein de lecture fabuleuse et savoureuse tel que Yaxin le faune :)

Les photos des oeuvres proviennent du site de la Gallery Nana et sont la propriété de leur auteur.

19 novembre 2010

Antéchrista d'Amelie Nothomb : faire-valoir et savoir faire

J'ai découvert les romans d'Amélie Nothomb avec Les catilinaires et Hygiène de l'assassin il y a une douzaine d'années. Son écriture si facile à lire, simple et riche d'un vocabulaire peu usité, m'a séduite instantanément. Elle guide le lecteur dans des fictions où les amitié féminines sont ambivalentes, teintées de perversion, où les personnages ont des rapports conflictuels à leur corps, à l'amour et souvent à la nourriture.


La recette est toujours la même, ou presque, et pourtant à chaque nouveau roman le goût est subtilement différent. Je sais que je vais aimer ses livres car les éléments qui m'ont attiré la première fois sont toujours là. Je sais aussi que je serai surprise par une histoire, un angle de narration, un choix de point de vu novateur.

La lecture est aisée, rapide et drôle. Pourtant, elle me touche, évoque en moi des malaises adolescents qui s'accrochent toujours à mes basques et, quand je referme le bouquin, immanquablement, quelques heures ou quelques jours plus tard, mes tripes se serrent et mon cerveau s'agite. L'écho de la lecture m'accompagne longtemps...


Le savoir-faire du faire-valoir
Antéchrista explore cette relation étrange qui s'établit parfois entre une fille populaire et une autre timorée et pas très gâtée par la nature : celle qui fait office de faire valoir pour une créature qui brille déjà seule.
Nothomb se place du coté de la victime consentante, Blanche, une ado de 16 ans déjà à l'université. Effacée, presque invisible elle se sent attirée par l'aura lumineuse de Christa qui a le même âge. Bientôt, cette dernière s'immisce dans la vie de Blanche, s'installe chez chez parents et manipule les coeurs. Mais, comme dans toute relation dominé-dominant, celui qui détient le vrai pouvoir et celui qui accepte l'autorité...

Le roman croque avec une ironie mordante la vie d'une adolescente intelligente et cynique qui s'accommode bien de sa solitude et de ses névroses. L'interruption de Christa dans sa vie lui révèle que ses aspirations de changements ne sont qu'illusions.
Quand on connaît l'oeuvre de Nothomb, on devine rapidement le déroulé de l'histoire cependant, cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture. Surtout quand on a soit-même été un jour l'inadaptée de sa classe !

Je tiens à remercier la maman de mon moustachu pour m'avoir gentiment prêté Antéchrista et Une forme de vie, le dernier roman paru de Nothomb. Je viens d'ailleurs d'attaquer la lecture de ce dernier qui sera donc prochainement chroniqué ici.

14 novembre 2010

Le jardin de mon père...



Pour un tas de bonnes raisons, que je vous exposerai peut-être un jour, je déteste la Côte d'Azur. Ce n'est pas ma faute si j'y suis née et encore moins si mes parents y vivent. Donc une fois par an, j'effectue un pèlerinage dans ces lieux dédiés aux seniors en bikini et aux midinettes cuites aux UV. Heureusement, il y a la mer et ses cohortes de nuages.
Et puis, il y a le jardin de mon père.

Cueillette d'automne

A flanc d'une colline calcaire de l'arrière-pays, un joyeux capharnaüm végétal règne en maître sur un bout de terrain accidenté. Au loin, les montages des Alpes, le petit village accroché à son piton rocheux, la vallée du Var et sa symphonie d'eau et de reflets argentés dans la lumière matinale. Si je plisse les yeux, dans la brume, j'imagine la mer. Presque, je peux oublier la prolifération des villas cossues dans les hauteurs et des HLM pourris en fond de vallée...

Un deux trois, pyracantha, pomme de pain et arbouse,


pomme de pain

et arbouse...

Je gratte le dos de la chatte qui m'accompagne dans la promenade, je frotte les feuilles de la verveine encore en fleur, renifle le romarin. Le grenadier et ses épines menacent mon appareil photo trop curieux. Les amanites ovoïdes soulèvent vaillamment leur motte de terre avant de terminer dans mon assiette. Les ombres s'allongent sur les kakis accrochés à leur plaqueminier tout nu. Le vent souffle. Il est temps de rentrer.

Quatre, cinq, six, grenade,


raisin framboise

et chrysanthème

Sept, huit, neuf, fruit du cyprès,

amanite ovoïde

et kaki...

1 novembre 2010

Boy meets boy, roman d'amour adolescent et ode à la tolérance

Boy meets boy  est un roman jeunesse américain, écrit en 2003 et pas encore traduit en langue française. Premier roman de David Levithan, cet auteur a depuis acquis de la notoriété avec Une nuit à New-York (Nick and Norah's infinite playlist) co-écrit avec Rachel Cohn et porté à l'écran en 2008.

Une fleur arc-en-ciel

Boy meets boys raconte les déboires amoureux de Paul, un jeune lycéen homosexuel, bien dans ses pompes et dans sa ville. Son quotidien se partage entre ses deux meilleurs potes, Joni, amie d'enfance, forte tête, et Tony, un garçon calme étouffé par des parents trop religieux. Paul est heureux, équilibré. Et puis, il rencontre Noah. Le garçon vient d'emménager. Charmant, artiste et avec une sensibilité à fleur de peau, encore à vif à la suite d'une déception amoureuse.
Paul tombe amoureux. A la suite d'un quiproquo, d'un merdouillage par trop de gentillesse, tout par en vrille et Paul perd Noah. Calqué sur le modèle de scénario éprouvé "rencontre, séparation, reconquête" Levithan signe une histoire simple et simplement belle.

Les relations homosexuelles sont décrites sans ostentation, avec humour et surtout une grande tolérance. Mais même dans ce monde fictif, tout le monde n'a pas la chance de Paul. Et pour son ami Tony, ses préférences sexuelles sont considérées pour ses parents comme une maladie, une aberration qu'il faut éradiquer sous peine de brûler en enfer. Tony est probablement le personnage le plus émouvant de ce roman.



Romance rime avec tolérance !

Le style de Levithan, des phrases courtes et percutantes, séduit dans sa fraîcheur et sa pureté. Le vocabulaire imagé n'est jamais vulgaire. Il réussit à transmettre toute la force de la jeunesse : tantôt, la violence de ses propos péremptoires utilisés comme un bouclier ou comme une arme létale, tantôt, la poésie de son regard et le tumulte des sentiments qu'un souffle de vent réveille.
Levithan ne décrit pas les soubresauts d'un cœur adolescent amoureux, il réussit à l'évoquer chez son lecteur. Si mes années de lycée sont bien lointaines, à la lecture de ce roman, je me suis souvenue. Un raz de marée qui ravage tout en un clin d’œil, et l'instant d'après, tout est calme, figé dans une sérénité en accord avec le monde.

La narration très dynamique avec des chapitres courts entraîne le lecteur dans sa réalité fictive embellie. Au fil des pages, on se prend à espérer qu'une ville telle que celle du livre, parfaite jusque dans ses petites imperfections, puisse vraiment exister. Levithan sait utiliser des clichés pour mieux les détourner. Ses personnages haut en couleurs sont très attachants.
Rapidement les stéréotypes s'humanisent, prennent de l'épaisseur, tel Infinite Darlene, drag-queen et quaterback qui n'a pas peur de se casser un ongle sur le terrain de foot. Son égo surdimensionné et envahissant est aussi un cocon doux pour tout ses amis. Les personnages de Levithan ont la capacité de faire tomber les barrières, les préjugés, aller à l'essentiel pour s'ouvrir à l'autre, donner.

Une grande bouffée d'oxygène pour sentir son cœur cogner fort, son sang battre dans ses veines et se laisser envahir sans honte et sans gène par l'amour. Et, envers et contre tout, un hymne à la tolérance.

Le site de l'auteur : http://www.davidlevithan.com